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ANTONIO SAURA ATARES AKA ANTONIO SAURA

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Antonio Saura est un peintre, dessinateur, sculpteur et écrivain espagnol né le 22 septembre 1930 à Huesca, près de Saragosse dans le nord-est de l’Espagne

Son enfance est marquée par la guerre civile espagnole dès 1936 alors qu’il n’avait que 6 ans, qui durera jusqu’en 1939 avec la prise du pouvoir par Franco.

Il fut traumatisé par les bombardements de l’armée franquiste dont celui de Guernica en 1937 où la ville fut totalement rasée.

Les coupures de presse sur le massacre que son père lui montrera le marqueront au plus profond de sa chair.

Sa famille s’installe à BarceloneSaura assiste à l’effondrement de l’immeuble voisin à la suite d’un autre bombardement ainsi qu’à la mort d’un homme sous ses yeux par des tirs de mitraillettes qui lui tranchèrent la tête.

Des séquelles de ces traumatismes profonds se retrouveront dans ses œuvres tout au long de son existence avec la présence de monstres, de gargouilles et de crucifix dans une palette de couleurs toujours plus sombres.

Son père étant avocat et sa mère pianiste, Antonio Saura grandit dans une famille aisée qui attache une importance à la culture et à l’art en particulier.

Carlos Saura, son frère, deviendra un réalisateur illustre et talentueux.

A 13 ans, Antonio Saura est atteint par la tuberculose qui l’obligera à rester reclus et immobile pour se soigner.

Durant cette longue période d’isolement et de solitude, Saura tue le temps en faisant des découpages et du collage de photos de magazine sur les peintres de l’art dégénéré pour qui il se passionne dont Pablo Picasso, Paul Klee, Marc Chagall, Max Ernst, Piet Mondrian etc.

Il développe peu à peu en autodidacte ses talents en expérimentant le dessin, la peinture et l’écriture et se découvre une vocation pour ces activités.

C’est en 1952, à l’âge de 22 ans, qu’Antonio Saura expose pour la premières fois ses œuvres expérimentales à la librairie Libros de Saragosse, organisée par le professeur Federico Torralba.

La première période artistique de sa vie est consacrée au surréalisme car sous la dictature, ce mouvement artistique reste moins contrôlé et exposé à la censure.

Il nomme durant cette période tous ses tableaux Pinturas surréalistes d’Antonio Saura.

En 1953, Antonio Saura organise l’exposition Arte Fantastico à la Galerie Clan de Madrid, première exposition post guerre civile espagnole orienté surréalisme où il expose l’ensemble de ses œuvres ainsi que certaines d’Alexander Calder, de Joan Miro, Max Ernst et Antonio Tàpies.

Antonio Saura présente durant cet événement des photos de son frère Carlos Saura ainsi qu’un moulage à la main qui avait servi en 1929 lors de la réalisation du film de Luis Buñuel, Le Chien Andalou.

Saura quitte l’Espagne pour voyager à Paris durant la même année disant vouloir fuir l’atmosphère pensante et morose de l’Espagne à cette période.

Son objectif est de rencontrer le groupe surréaliste dont André Breton entre autres, mais ce groupe vie en vase clôt à sa grande déception.

Saura est attiré par l’abstraction Lyrique de Joan Miro et des nouveaux peintres américains, il se lie d’amitié avec le collectionneur Michel Tapié et le peintre hongrois Simon Hantaï qui influenceront le peintre.

Son style artistique évolue vers plus de spontanéité dans les formes expressives en ayant recours notament à différentes techniques nouvelles comme le grattage, les surcharges ou encore la biffure dans lesquelles le langage des gestes  devient central en dégageant « une beauté convulsive ».

C’est en 1952 que Saura se rend à Paris pour la première fois, ville qu’il affectionne particulièrement et rencontre Gunhild Madeleine Augot qu’il épousera à Madrid en 1954.

En 1957, Rodolphe Stadler, un galeriste et collectionneur parisien lui offre sa première exposition parisienne à la galerie portant son nom.

En 1956, un an après son retour à Madrid, Saura expose à la bibliothèque nationale d’Espagne sa peinture gestuelle avec ses nouvelles œuvres abstraites peintes en noir et blanc, empruntent de violence laissant surgir à nouveau son coté écorche vif  omniprésent.

On note que dans ses œuvres abstraites figuratives, le corps féminin est un thème évoqué de façon récurrente dont le tableau « Dame Noire » et « Dame Rousse » qu’il avait peint auparavant en 1954.

Rodolphe Stadler présentera Antonio Saura à Pierre Matisse qui lui donnera par la suite l’opportunité d’exposer ses œuvres à New York dès 1961.

On y découvre ses premières séries de crucifixions, de suaires de dames, de nus, de paysage ainsi que « ses portraits imaginaires ».

En 1965, Antonio Saura détruit une centaine de toiles à Cuenca, il part l’année suivante à Cuba et s’installe à Paris en 1967.

Il vivra entre Paris, Cuba et Cuenca durant cette période de sa vie.

En 1968, il participe au Congreso Cultural à La Havane et à la Biennale de Venise en 1976 en intégrant le premier pavillon de l’Espagne démocratique.

En 1974, son atelier Parisien est détruit.

En 1977, Antonio Saura participe à Cassel  en Allemagne à l’exposition la Documenta et en 1978 il est convié aux premières rencontres ibéro-américaines des artistes plasticiens et critiques d’Arts.

En 1985, il intègre le Cercle des Beaux-Arts de Madrid en tant que professeur et il dirige en 1986 le séminaire « L’Art et le Mal à l’université internationale de Menéndez Pelayo de Séville.

En 1987, c’est à l’université Menéndez Pelayo de Cuenca qu’il dirige un nouveau séminaire en présence du groupe de Peintres El Paso et en 1988 il retourne à Séville toujours à l’UIMP pour un séminaire consacré au sujet « Le Sexe et l’Art ».

Antonio Saura sera récompensé pour son travail artistique plusieurs fois de 1982 à 1985 avec entre autre l’obtention de la médaille d’or du mérite que lui décernera le Ministère de l’Education de la Culture et des Sports espagnol.

Sa fille Ana meurt dans un accident de voiture en 1990 et Antonio Saura se concentra sans relâche à sa carrière artistique pour canaliser cet événement dramatique.  

En 1999, c’est le centre culturel madrilène du Circulo de Bellas Artes qui lui décerne une nouvelle médaille d’or.

Il peint la série Dora Maar visitada et se consacre à la scénographie de Carmen, ballet que son frère Carlos et Antonio Gades mettront en scène au théâtre de Paris.

Antonio Saura se consacre durant cette période à des grandes causes comme la lutte contre l’apartheid dont il préside le comité de l’organisation des artistes du monde contre l’apartheid à Paris.

Dans sa carrière artistique de Saura se dégage six grands thèmes en particulier : Les Dames qui l’inspirent énormément et à qui il dédira des « portraits de portraits » avec un nom féminin pour chaque œuvre de cette série comme Listia, Sandra, Astrid, Palma etc.

 Les crucifixions qui le renvoie constamment à l’homme décapité à la mitraillette durant son enfance  au cours de la guerre civile espagnole ainsi que sa série de visages volontairement déformés qui renvoie au même traumatisme avec un plaisir jubilatoire pour l’artiste à les rendre les plus hideux possibles.

Les foules sont elles une reprise des thèmes du visage en les juxtaposant, les portraits imaginaires laids et agressifs renvoyant l’homme à son état primitif et animal ainsi que la série Sauramaquias sur la tauromachie dénonçant avec brutalité cette tradition.

Antonio Saura aura marqué la peinture contemporaine par son talent déchiré ou il traduit avec violence gestuelle une méditation sur le monde.