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Yves Tanguy, né le 5 janvier 1900 à Paris et mort le 15 janvier 1955 à Waterbury dans le Connecticut, est un peintre et dessinateur français naturalisé américain. Figure majeure du mouvement surréaliste, il est célèbre pour ses paysages oniriques peuplés de formes biomorphiques et minérales, évoquant des mondes étranges et fantastiques.
Enfance et formation
Fils d’un adjudant brestois et d’une mère boulangère originaire de Locronan, Yves Tanguy naît au ministère de la Marine, place de la Concorde à Paris. Bien que né dans la capitale, il est profondément attaché à ses racines bretonnes. En 1908, à l’âge de huit ans, il perd son père. Cette tragédie familiale est suivie par la mort de son frère Henri pendant la Première Guerre mondiale, des événements qui marqueront durablement son existence.
Au lycée, Tanguy se lie d’amitié avec Pierre Matisse, fils du célèbre peintre Henri Matisse. Cette amitié jouera un rôle crucial dans sa carrière artistique, car Pierre Matisse deviendra plus tard son galeriste à New York.
Débuts artistiques et rencontre avec le surréalisme
Yves Tanguy s’installe à Paris et commence à peindre en autodidacte. En 1925, il expose ses dessins pour la première fois dans un salon et fait la rencontre déterminante de l’écrivain André Breton, chef de file du mouvement surréaliste. Une admiration réciproque naît entre les deux hommes, et Breton intègre rapidement Tanguy dans le cercle des surréalistes. Breton décrira plus tard Tanguy comme « le peintre des épouvantables élégances aériennes, souterraines et maritimes ».
En 1927, Tanguy réalise sa première exposition personnelle à la Galerie Surréaliste, ouverte un an plus tôt par Roland Tual. Son style, influencé par l’artiste italien Giorgio de Chirico, se caractérise par des paysages oniriques qui semblent flotter entre le terrestre et le sous-marin. Il pratique également la peinture automatique, une technique chère aux surréalistes qui consiste à laisser libre cours à l’inconscient.
L’apogée du surréalisme et l’exil aux États-Unis
Dans les années 1930, Yves Tanguy participe à plusieurs expositions surréalistes collectives à Paris et Bruxelles. Ses œuvres, marquées par une obsession pour la ligne d’horizon, évoluent vers une dimension verticale à partir de 1940. En 1938, il découvre les tableaux de l’artiste américaine Kay Sage lors du Salon des Surindépendants. Cette rencontre change le cours de sa vie.
Avec le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale en 1939, Tanguy quitte la France pour rejoindre Kay Sage aux États-Unis. Le 17 août 1940, ils se marient à Reno, dans le Nevada, et s’installent définitivement à New York. Là-bas, Tanguy retrouve son ami Pierre Matisse, qui devient son galeriste attitré.
Reconnaissance internationale
En 1944, Yves Tanguy participe à l’exposition « Art in Progress » au Museum of Modern Art (MoMA) de New York, qui lui apporte une notoriété internationale. Après la guerre, il décide de rester aux États-Unis et obtient la citoyenneté américaine en 1948.
En 1953, il effectue un retour en Europe pour des expositions à Rome, Milan et Paris, où son travail est acclamé. Cependant, sa carrière est brutalement interrompue le 15 janvier 1955, lorsqu’il meurt d’une hémorragie cérébrale à Waterbury, dans le Connecticut. Selon ses souhaits, ses cendres sont dispersées dans la baie de Douarnenez, en Bretagne.
Héritage et postérité
En juin 1955, le MoMA lui consacre une rétrospective posthume, confirmant son statut de figure majeure du surréalisme. Le 8 janvier 1963, Kay Sage, profondément affectée par la mort de son mari, se suicide après avoir finalisé le recueil des œuvres de Tanguy.
Yves Tanguy est aujourd’hui considéré comme l’un des peintres surréalistes les plus importants. Bien que méconnu du grand public, son influence sur des artistes comme Salvador Dalí est indéniable. Ses œuvres, peuplées de formes étranges et de paysages oniriques, continuent de fasciner par leur mystère et leur beauté.
Conclusion
Yves Tanguy aimait dire : « Si je devais chercher une raison de ma peinture, ce serait un peu comme si je m’emprisonnais moi-même ». À travers son art, il a su transcender les limites du réel pour explorer les profondeurs de l’inconscient, laissant derrière lui un héritage artistique unique et intemporel.