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Mohamadou Ndoye AKA Ndoye Douts

Ndoye Douts est un artiste plasticien et cinéaste sénégalais contemporain né le 1 mai 1973 à Sangalkam dans la région de Dakar.

Il fait partie de la troisième génération de l’École de Dakar, mouvement artistique né au Sénégal à l’aube de l’indépendance entre 1960 et 1974. 

En 1999, Ndoye Douts est diplomé de l’École nationale des Beaux-Arts de Dakar où il sortira major de sa promotion.

Sa source d’inspiration principale est la capitale sénégalaise qu’il affectionne tant et plus précisément le quartier de la Médina avec sa cohue, son brouhaha quotidien où, à travers des ruelles désordonnées, animées et colorées, s’entremêlent marchands, habitants, épices, animaux, habitations de fortune, sourires et détresses représentant ainsi une source d’inspiration inépuisable.

Son style atypique mélange l’expressionisme européen avec une sensibilité africaine, toujours en légèreté et finesse avec des silhouettes suggérées et floutées laissant une part d’imagination que s’approprie le visiteur.

Il participe tout d’abord à des ateliers et des biennales où son travail se fait remarquer par sa justesse tout en sensibilité et légèreté et réalise en 2000 un court métrage animé de 7 minutes relatant la vie à l’intérieur de la Médina ou tout se construit et disparait aux aléas des péripéties saisonnières, de l’érosion naturelle et des méfaits dus à l’activité humaine, un message toujours on ne peut plus actuel avec la nécessité plus que jamais de vivre en harmonie avec la nature et ses éléments.

En 2005, il expose ses œuvres au Centre Georges Pompidou lors de l’évènement Africa Remix qui lui permettra d’accéder à une notoriété internationale et d’exposer sur les cinq continents en particulier en Europe, aux États-Unis, en Afrique du Sud et en Corée.

Nous l’avons rencontré à l’occasion de son vernissage de l’exposition parisienne « Entre Terre et Mer » qui se tiendra à la galerie Art-Z du 6 Mars au 10 Avril 2021.

    

Interview

A quel âge avez-vous commencer à dessiner et à peindre ?

J’ai toujours aimé le dessin et j’ai commencé à dessiner et à peindre dès mon plus jeune âge lorsque j’étais à l’école primaire, je devais avoir 6 ans.

Le prof de dessin avait remarqué mes dessins et m’encourageait à m’orienter vers un cursus artistique. 

Vous avez fait l’école Beaux-Arts de Dakar, qu’apprend-t-on vous lors de ce cursus ?  

Après avoir passé et réussi le concours d’entrée, j’ai fait une formation de base de deux ans complétées par deux années supplémentaires et deux années pour préparer un mémoire de fin d’étude que j’ai présenté en 1999.

Nous avions différents cycles théoriques et pratiques avec notamment les différents courants allant de l’Art primitif jusqu’à l’Art contemporain avec l’étude des peintres incontournables notamment, Picasso, Basquiat, Le Caravage etc.

En pratique le dessin bien entendu avec un enseignement technique où nous apprenions le travail des perspectives, la lumière, les courbes, les formes, les lignes, le graphisme etc.

Les Beaux-Arts étant une institution plutôt occidentale, quels artistes africains y sont enseignés ?

Les artistes africains qui m’ont le plus marqués sont nombreux tant le continent africain regorge d’artistes depuis toujours.

Il m’est donc impossible de tous les nommer, mais si je dois en citer quelques-uns, les premiers que j’ai en tête seraient :

  • l’artiste peintre, sculpteur, photographe, vidéaste et scénographe sénégalais Soly Cissé
  • l’artiste peintre, sculpteur, graveur, et photographe Camerounais, Bathélémy Toguo
  • l’artiste plasticien autodidacte camerounais Pascale Marthine Tayou
  • le sculpteur-plasticien contemporain sénégalais Ndary Lô
  • Amadou Sow l’artiste peintre et sculpteur sénégalais qui est décédé en 2017
  • le peintre sénégalais contemporain Viyé Diba ou encore le sculpteur sénégalais Ousmane Sow qui nous a quitté en 2016.

Quels mouvements artistiques et artistes ont été pour vous une source d’inspiration ? 

J’ai été inspiré en parti par l’expression picturale à travers laquelle se dégage une sensation de liberté, entre la figuration et l’abstraction.

J’aime beaucoup les peintres instinctifs tels que Klee, Rothko, Basquiat etc. avec équilibre final qui se dégage sur la toile qui résulte de l’aboutissement de l’inspiration initiale. 

Les sculptures de l’artiste sénégalais Ousmane Sow m’ont aussi marquées et inspirées depuis mes débuts. 

Quels sont les raisons de votre attachement à Paris ?

Paris est une ville incontournable au niveau artistique et du fait de son histoire très lié au Sénégal, je m’y rends fréquemment depuis plus de 20 ans où j’ai le statut de résident permanent. 

En 2005 j’ai eu l’occasion, lors de l’évènement AFRICA REMIX, d’exposer à Beaubourg au centre Georges Pompidou.  

Depuis je m’y suis rendu à différentes reprises lors d’expositions personnelles ou collectives ou lors d’événements artistiques comme des biennales.

De 2007 à 2009, j’ai collaboré au projet « Voyage au bout de la ville » avec l’association Pour  que l’Esprit Vive installée dans l’Indre en région centre.

J’y ai réalisé 1000 dessins essentiellement fait à l’encre de Chine.

Aujourd’hui je m’y rends pour mes activités artistiques notamment une nouvelle fois en cette année 2021 pour de l’exposition parisienne « Entre Terre et Mer » qui aura lieu du 4 mars au 10 avril à la Galerie parisienne Art-Z.               

L’Art africain reste encore peu représenté dans l’histoire de l’Art alors que c’est le continent ou finalement tout a commencé même au niveau de cette discipline, cela ne reflète-il pas la situation de l’Afrique dans le monde ?  

Les artistes africains sont des artistes à part entière de l’art contemporain.

Ceux sont des artistes qui font de l’Art contemporain et qui sont originaires du continent africain.

Il n’y a pas à proprement parlé de différence avec les autres artistes car l’Art est quelque chose d’universel, d’autant plus pour l’Art contemporain qui s’inspire finalement de tous les autres courants, comme une synthèse finalement.

Les artistes peintres féminines sont depuis toujours peut présentes sur la scène artistique internationale comparé aux hommes, est-ce encore plus vrai en Afrique ?

Oui effectivement, les femmes sont peu représentées dans l’Art en Afrique du fait de leur rôle dans la société africaine qui est plus traditionnelle avec une importance fondamentale dans la gestion de la famille lié à l’éducation des enfants et l’organisation du foyer notamment.

Ce n’est pas le cas qu’en Afrique mais dans tous les pays ou le développement doit encore progresser pour donner la possibilité aux femmes d’aller vers plus d’émancipation personnelle.     

Quel sont les messages que vous souhaitez faire passer avec vos œuvres ?

Je n’ai pas de message particulier, j’expose mon constat, mon regard et ma vision.

Voyez-vous l’Art comme une opportunité commune d’échange et de partage qui permet de véhiculer un message universel aux jeunes générations ?

Le milieu artistique est très tolérant car il se nourrit de la diversité.

Diversités des époques, des couleurs, des cultures, des techniques etc. 

L’essence même de l’Art est la diversité et c’est effectivement un des messages principaux de cette discipline

Quelles peintures seront présentes à l’exposition « Entre Mer et Terres » ?

J’expose des œuvres faites sur toile à l’acrylique et des dessins au fusain sur la vie contemporaine dakaroise, l’atmosphère et les éléments qui la composent, une sorte d’invitation à la découverte et au voyage.

Quels sont vos projets futurs ?

Je travaille depuis 4 ans sur un projet qui me tient tout particulièrement à cœur avec la construction dans mon village natal situé à Diender qui se trouve à une cinquantaine de kilomètre de Dakar, d’une maison dédiée aux artistes.

Ce ne sera pas un lieu d’exposition mais plutôt un lieu de création, de rencontre et d’échange qui ouvrira courant 2021.

Le mot la fin ?

« L’art est la perspective de tous les chemins » (Douts Ndoye).

    

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