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Jean-François Perroy AKA Jef Aérosol

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Jef Aérosol : Le maître du pochoir humaniste, de l’ombre à la lumière

Né à Nantes en 1957, Jef Aérosol, de son vrai nom Jean-François Perroy, est l’un des pionniers les plus influents du street-art français. Professeur d’anglais à ses débuts, il abandonne l’enseignement en 1983 pour se consacrer entièrement à l’art urbain, marqué par l’énergie subversive du mouvement punk et l’esthétique Do It Yourself. Dès 1982, il réalise ses premiers pochoirs à Nantes, représentant des icônes musicales comme Jimi Hendrix ou Elvis Presley, mais aussi des anonymes – SDF, enfants des rues –, une dualité qui définira son approche artistique.

Installé à Lille en 1984, il cofonde le collectif Vive La Peinture (VLP) et participe au premier festival français de street-art à Bondy (1985), aux côtés de Miss.Tic, Blek le Rat et Speedy Graphito. Sa technique, basée sur des pochoirs multicouches découpés à la main, se précise : fonds gris aux bombes industrielles, contours noirs ciselés, détails rouges vibrants, et sa mythique flèche rouge, ajoutée en 1987 comme symbole de direction et de révolte silencieuse.

Dans les années 1990, il crée le Sitting Kid, un enfant recroquevillé, symbole universel de la solitude urbaine. Reproduit dans 43 pays, ce personnage est adopté par l’UNICEF en 2015 pour incarner les enfants des rues. Ses portraits de Gandhi, Janis Joplin ou Miles Davis fusionnent pop culture et engagement, comme Elvis in the Ghetto (1987), critique de l’Amérique rêvée à travers le roi du rock.

Jef Aérosol conquiert l’espace public avec des fresques monumentales : Chuuuttt ! (2011), une œuvre de 350 m² près du Centre Pompidou à Paris, où un visage géant impose le silence aux passants, intégrant un message écologiste caché (« Silence, la Terre crie ») visible sous UV. À Liverpool, The Beatles Wall (2016) immortalise les Fab Four grâce à des vinyles des années 1960 découpés en pochoirs. En 2020, sa fresque Miles Davis à Harlem est classée au patrimoine new-yorkais pour son hommage au jazz, utilisant des nuances de bleu évoquant l’album Kind of Blue.

Engagé, il utilise son art pour des causes sociales : No Planet B (Glasgow, 2021), fresque interactive avec QR code menant à un manifeste climatique co-signé par Greta Thunberg, ou Lampedusa Child (2023), portrait d’une réfugiée syrienne peint sur un bateau de pêche avec des pigments résistants à l’eau de mer.

Pionnier des NFTs dans le street-art, il collabore avec le collectif Obvious en 2021 pour Digital Shadows, série de 100 NFTs animés mêlant pochoirs et intelligence artificielle, vendus à 25 000 € pièce chez Christie’s. Son application Jef’s ARrows (2023) permet de revisiter ses œuvres effacées via réalité augmentée, avec 500 000 téléchargements en 2024.

Avec plus de 5 200 œuvres dans 75 pays, Jef Aérosol transcende l’éphémère. En 2024, la NASA grave un micro-pochoir du Sitting Kid sur la sonde Europa Clipper, symbole d’espoir interplanétaire. Rétrospectives (40 ans de Flèches au MUCEM en 2022), livres (L’Homme à la Flèche de Guillaume Musso, 2023) et documentaires primés (Flèches sur la Ville, Arte 2023) célèbrent son héritage.

Citation :
« La rue est un livre ouvert. Mes flèches ne sont pas des signatures, mais des points d’exclamation pour réveiller les consciences. »
— Jef Aérosol, Biennale de Venise, 2022.

Chiffres-clés (2024) :

150 fresques monumentales (dont 25 classées au patrimoine).

12 monographies traduites en 9 langues.

1.2 million d’euros de record pour Gandhi’s Walk (Sotheby’s, 2022).

Projet futur : Cosmic Flèches (2025), collaboration avec l’Agence spatiale européenne pour des œuvres visibles depuis l’orbite terrestre.