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Miss.Tic AKA la street-artiste activiste et poétesse

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Miss.Tic est une street-artiste plasticienne et poétesse française né à Paris le 20 février 1956, pionnière et icône de l’Art-urbain en France.

Refusant depuis toujours de dévoiler sa vraie identité dans la pure tradition des puristes de ce mouvement, elle est issue des classes laborieuses avec une mère venant du milieu rural qu’elle définie elle même comme « une paysanne éclairée » et un père ouvrier immigré tunisien.

Elle grandit tout d’abord dans le quartier de la Butte-Montmartre au milieu des artistes peintres, des poètes et des prostituées très répandues dans ce quartier.

Cette période orientera souvent son inspiration future dans ses pochoirs et ses tags poétiques.    

En 1964, elle déménage en banlieue sud de Paris à Orly situé dans le département du Val-de-Marne à la cité des aviateurs.

En 1966, âgée de 10 ans, elle perd sa mère, son frère et sa grand-mère victimes d’un accident de voiture, un tournant profond qui laissera un trauma indélébile.

En 1972, son père meurt d’une crise cardiaque la laissant seule alors qu’elle n’a que 16 ans.

A la fin de ses études secondaires, elle s’oriente vers un cursus artistique et créatif en se formant aux Arts appliqués comme la photo gravure, le maquettisme ou la conception de décor de théâtre.

Au début des années 80, à la fin de ses études, elle partira un temps s’installer en Californie où un déception d’ordre sentimentale l’a convainc de revenir dans l’hexagone.

En 1985, elle décide alors de se servir de cette mélancolie et de cette nouvelle blessure pour créer son personnage sous forme d’avatar en l’accompagnant d’une prose ou d’un calembour en lien avec ses expériences à travers un pochoir qu’elle bombe sur les murs  des quartiers de Montmartre, Ménilmontant, le Marais, la Butte-aux-Cailles ou encore Montorgueil.

Elle baptise ce personnage Miss.Tic en référence au personnage de fiction de l’univers des canards créé en 1961 par Carl Barks pour les Studio Disney.

Durant cette même année se déroule à Bondy en Seine-Saint-Denis le premier rassemblement dédié à l’Art urbain et au graffiti à l’initiative du collectif VLP (Vive La Peinture) , avec la participation des autres pionniers de ce mouvement comme Speedy Graphito, Jef AérosolBlek le rat, Nuklé-Art, Banlieue-Banlieue, SP38 etc.

C’est la période « underground » de la discipline durant laquelle l’Art urbain est méconnu, considéré comme fait par des marginaux proche du vandalisme ou au mieux une pratique artistique éphémère suscitant alors que peu d’intérêt.

Le style de Miss.Tic devient unique de par sa personnalisation de la femme fatale, séductrice, provocatrice et libre arborant tantôt des mini-jupes, des porte-jarretelles, des décolletés etc. se servant de fouets et autres objets fétichiste dans des positions parfois suggestives sans jamais atteindre la vulgarité.

Un court poème sous forme de prose satirique et subtile accompagne chacun de ses pochoirs rendant sa démarche exclusive et indentifiable au fil du temps.

Ses proses sont une façon d’interpeller la conscience collective en détournant les slogans aseptisés des campagnes publicitaires tout en questionnant le passant.

En 1992, son atelier est ravagé par un incendie emportant l’intégralité de ses matrices datant des années 80.

De tempérament battant, Miss.Tic reprendra avec la même énergie ses activités artistiques urbaines et commence à exposer son travail régulièrement à travers des expositions collectives et personnelles à Paris dans des petites galeries destinées à des puristes initialement et peu à peu à un plus large public, l’art urbain souvent décrié étant devenu peu à peu un style reconnu.

Son amour des mots et de la prose la font participer à des événements en lien avec la littérature et la poésie avec l’utilisation de ses propres textes, des mémoires de prostituées et des poésies de Jacques Prévert qu’elle admire et de qui elle puise une partie de son inspiration.

En 1997, Miss.Tic est arrêtée pour détérioration d’un bien par inscription et elle sera condamnée pour cette affaire en 2000 devant la cour d’appel de Paris à 4500 euros d’amende.

En 1998, elle publie son premier livre, « Je ne fais que passer » où elle parle de sa pratique artistique, le pochoir à la bombe sur les murs pour y raconter les tourments, les désirs, les fantasmes de sa vie avec des slogans où elle joue avec les jeux de mots.

En 1999, Miss.Tic réalise l’affiche de la Fête de l’Humanité et elle se retrouve placardée sur les murs de la France entière lui permettant ainsi d’asseoir une certaine notoriété nationale.

En 2002, la fondation Paul Ricard lui consacre une exposition intitulée « Muses et Hommes » où elle revisite 19 tableaux de grands peintres façon street-art marquant ainsi un tournant dans sa carrière artistique en s’imposant dans ce monde essentiellement masculin comme une artiste accomplie avec un style authentique ayant évolué et mûri au fil des années.

Miss.Tic a réussi avec les autres pionniers du street-art à imposer un style relevant initialement de la contre-culture en référence socio-culturelle, les médias lui consacrent désormais de longs articles et un fan club est créé, Miss.Tic présidente ou elle se sert d’anti-slogan pour parler de politique.

Dès lors, des marques, des galeries internationales, des foires d’Arts contemporains souhaitent collaborer avec l’artiste jusqu’à Claude Chabrol qui fera appel à ses services pour l’illustration de l’affiche du film La Fille coupée en deux.

Sa notoriété est même reconnue par les autorités publiques, le ministère du Logement et de la Ville, sous la tutelle de Christine Boutin, lui commande plusieurs pochoirs pour la ville de Lyon, baptisés Réunions de chantier.

La ville d’Orly où elle a vécu durant son adolescence lui commande une œuvre pour la façade de la résidence d’étudiants Léo Ferré.

Elle fait évoluer son style et les supports en s’essayant avec audace et maitrise aux toiles, parpaings, papiers déchirés, plaques d’aciers rouillés et sa palette de couleurs qui devient multicolores donnant ainsi une nouvelle dimension artistique à ses créations.

Je prête à lire mais je donne à penser est publié aux éditions Grasset en 2008, regroupant ses phrases et ses dessins.

En 2010, à Singapour, une rétrospective de son œuvre est organisée avec le soutien de l’Alliance française qui a pour vocation de faire rayonner la langue et la culture française dans le monde.

Durant la même année à Paris, l’artiste présente ses dernières œuvres sur les nouveaux supports qu’elle  vient d’expérimenter ainsi qu’un nouveau livre avec des images et des textes personnels.

Le 8 mars 2011, la Poste édite des timbres reprenant des œuvres de Miss.Tic lors de la Journée de la femme.

Durant l’été de la même année une quarantaine des ses dernières œuvres sont exposées pendant dix semaines à l’Institut français de Berlin.

En octobre 2013, elle est choisit pour la réalisation du design de la 5ème ligne de tramway de l’agglomération montpelliéraine dont la mise en service est effective depuis fin 2017.

Miss.Tic a réussi au fil des années à évoluer et à s’imposer comme une artiste incontournable du street-art au niveau national et international, authentique, talentueuse, éternelle féministe, elle continue à se promener en se jouant des regards et des pensées.

Elle nous a quitté à l'âge de 66 ans des suites d'un cancer, ses obsèques ont eu lieu au crematorium de Père-Lachaise le 1 juin 2022, elle laisse l'image d'une artiste féministe engagée à travers le street art et la poèsie.